ArtistRoman-Pompeian wall painting) ; la Tour Eifffel aux couleurs de l'Europe en 2008 ; un détail de l'affiche du poème musical de Laurent Gaudé, "Nous l'Europe, Banquet des peuples" (affiche reprise sur la page de l'Opéra de Limoges en décembre 2021) ; la dernière photo présente les 4 étudiants de la European Universities Community (EUC) accompagnés de
Selon les derniers sondages, pas plus de 40 % des électeurs iront voter dimanche 26 mai pour les élections européennes. Le romancier et dramaturge Laurent Gaudé en appelle au "sursaut" dans un texte très fort en forme de chant l'Europe banquet des peuples Actes Sud. Laurent Gaudé trace dans ce poème fulgurant toute l'histoire de l'Europe depuis la naissance des nations et de la société industrielle au XIXe siècle, jusqu'à l'Europe désenchantée d'aujourd'hui, en passant par la colonisation, les deux grandes guerres, la Shoah, le traité de Rome, mai 68 ou la Guerre Froide… Un livre d'une puissance étonnante, que l'on lit d'un trait, et qui dresse un portrait bouleversant de cette étrange entité qu'est l'Europe, aujourd'hui mise en péril par la montée en puissance des europhobes. À quoi sert-elle ? Quel est son avenir ? Comment la construire ? Quel sens lui donner ? Comment Laurent Gaudé réussit-il l'exploit de nous embarquer littéralement dans cette réflexion sur un sujet qui habituellement nous endort ? Parce que Laurent Gaudé nous plonge aux racines de l'Europe Laurent Gaudé plonge aux sources de l'Europe "Il faut fouiller dans le XIXe siècle / Parce que dans ses entrailles il y a notre visage"Page 30. Au tout début, il y a 1848, "la chute des rois coiffés comme des poupées de calèche", rappelle-t-il. "Quelque chose va naître / Et ce sera d'abord rouge et grimaçant". Des soulèvements, un peu partout en Europe, Palerme, Paris, Milan, Berlin… "Nous sommes nés de l'utopie et du mécontentement", souligne Laurent Gaudé. Vous avez peur ? interroge-t-il, alors "Pensez à Hugo, et à son exil". Les grandes révolutions ne se font pas dans le calme, et sans casse, rappelle l'écrivain. Celle-là, la première, creuse le nid des nations, du suffrage universel, de la liberté de la presse. "Et nous sommes là, / Nous / Avec ces mots qui nous ont été légués "Nation", "Égalité", "Liberté"/ que nous contemplons avec fatigue. / Depuis si longtemps nous sommes citoyens de l'ennui. / Jeunesse ! / Jeunesse ! / Il nous faut ton sursaut." Parce qu'il dévoile l'ADN de l'Europe, en racontant son histoire sans tabou Après avoir plongé dans les racines, Laurent Gaudé remonte le fil du bois, sans négliger aucune ramification la révolution industrielle, course effrénée, le progrès, érigé en valeur suprême, et les dégâts, déjà. Puis le colonialisme. "Pendant des siècles, nous avons mangé le monde", regrette le romancier, qui égrène les noms des tyrans, nous invitant à cracher dessus Léopold II, au Congo Lothar Von Trotha, et Heinrich Goering le père de Hermann ! en Namibie. "Tant d'hommes envoyés sur ces terres comme des chiens tout-puissants, se sont habitués à régner en petits tyrans, A violer tant qu'ils voulaient, A tuer sans conséquences, A jouir en d'hommes en ont asservi tant d'autresEn ne voyant même pas le mal… Vernichnung Le mot est planté en terre Et ne cessera de croître". La boucherie de 14. Le traité de Versailles "une humiliation, nous le paierons". En attendant, l'Europe vit une parenthèse enchantée les années 20. "L'Europe a besoin des seins de Joséphine et des poèmes de Cendrars". De courte durée, la parenthèse. 1933, "une odeur nouvelle envahit Berlin". Partout en Europe, on désigne les "Indésirables". Laurent Gaudé les cite tous les Juifs en Allemagne, les Grecs en Turquie, les Turcs en Grèce, les Catalans, les révolutionnaires, les communistes, les Républicains, en Espagne… Les premiers camps de concentration ouvrent leurs portes en France. La seconde guerre mondiale se prépare. Elle apporte avec elle les plus grands crimes contre l'humanité. "Et l'on s'arrête devant l'abîme, / Conscient de ne pouvoir que se taire". L'Europe s'est construite de sang, de larmes, mais aussi de lumières, rappelle le romancier. "Nous avons les héros en partage / Qui nous ont légué un continent plus vaste que nos pays / Une terre que nous devons habiter / Pour eux, / Dans le sens de l'intelligence." Camus Parce qu'il nous explique pourquoi l'Europe d'aujourd'hui ennuie ses concitoyens C'est sans passion populaire que l'Europe telle qu'on la connaît aujourd'hui s'est construite, nous dit Laurent Gaudé, "et c'est peut-être-là sa faute originelle", ajoute-t-il, s'étonnant d'une telle naissance, sans révolution, sans embrasement, "sans volonté populaire qui renverse tout". Mais il fallait sans doute cela "après la fureur de la guerre, après les grandes foules fascinées par un seul homme aux mains tendues". Le romancier nous invite à observer la photographie prise en 1957, qui immortalise la naissance de l'Europe, "une grande tablée où tant d'hommes que nous ne connaissons pas signet des documents". Une nouvelle Europe est née, "sans passion, sans emportement. / La nuance. / Et le compromis". Parce qu'il nous fait aimer cette Europe née dans la douleur, et accouchée dans l'indifférence des peuples Laurent Gaudé nous fait aimer cette Europe, comme on aime les ados même s'ils sont ingrats dans tous les sens du terme parce qu'ils sont aussi une promesse. La Guerre froide, mai 68, les désillusions et la chute du mur de Berlin, qui ouvre la voie à l'élargissement. Que sera l'Europe de demain ? "Le territoire est vaste et nous ne le connaissons pas. Il y a une Europe à inventer", avance Laurent Gaudé. "Qui sommes-nous maintenant ? / Une nation de nations vaste, différente / Qui cherche le socle commun sur lequel elle pourra s'unir". Les Européens ont en commun d'avoir "traversé le feu", dit-il. "Nous connaissons l'abîme, / nous avons été avalés par sa profondeur", mais l'Europe est aussi "un passé qui veut devenir une boussole". Comment s'y prendre ? "Grand banquet. / C'est cela qu'il nous faut, maintenant. / De l'ardeur / De la chair et du verbe !", invite le romancier. Redonner la sève à une Europe née de la raison, au "risque de devenir un grand corps vide". Donner chair à une Europe qui n'a pas comme but ultime de "dominer le monde", mais d'être "Pour le monde entier / le visage lumineux / De l'audace / De l'esprit / Et de la liberté". Parce qu'il fait usage de la force du poète Laurent Gaudé, comme Hugo ou Camus, démontre magistralement que la littérature peut servir les idées. Là où les politiques, les éditorialistes échouent à nous convaincre, le poète emporte le morceau. Car si Laurent Gaudé nous raconte une histoire que nous connaissons déjà par cœur - nous l'avons étudiée à l'école dans les détails - il nous donne l'impression de l'entendre pour la première fois. Il fait même mieux, il réussit à susciter l'émotion, l'enthousiasme, amorçant lui-même le mouvement qu'il appelle de ses vœux, un mouvement nourri "de la chair, et du verbe". Le romancier et dramaturge déroule son texte comme un long poème, comme une odyssée, comme un cri ininterrompu, qui nous emporte. On ne le lit pas, on se le déclame intérieurement. Une bonne nouvelle son texte est au programme du prochain Festival d'Avignon, dans une mise en scène de Roland Auzet, du 6 au 14 juillet. Nous, l'Europe banquet des peuples, de Laurent Gaudé Actes Sud - 192 pages, 17,80 euros
Depuis quelque temps, l’Europe semble avoir oublié qu’elle est la fille de l’épopée et de l’utopie. Elle s’assèche de ne pas parvenir à le rappeler à ses citoyens. T
Dernière mise à jour septembre 26th, 2020 at 0402 Avec Nous, l’Europe, Banquet des peuples, Laurent Gaudé et Roland Auzet signent un spectacle total fascinant au Festival d’Avignon en 2019. L’avis et la critique théâtre de Bulles de Culture sur ce spectacle coup de cœur. Synopsis Qu’est-ce qui a donné naissance, sens, forme à l’Europe ? Qu’est ce qui a fait naître le monde que nous connaissons ? Nous, l’Europe, Banquet des peuples interroge l’Histoire, les histoires, les individus que nous sommes et pose la question de l’identité européenne. Nous, l’Europe, Banquet des peuples une forme composite aussi envoûtante que captivante au Festival d’Avignon 2019 © Christophe Raynaud De Lage / Festival d’Avignon Il ne faut s’attendre à rien avec Nous, l’Europe, Banquet des peuples. En tout cas, à rien que l’on connaisse, à rien dont on ait l’habitude. Laurent Gaudé est un grand écrivain de théâtre ; il l’a montré déjà ; il livre ici une création inédite dans lesquels les personnages sont omniprésents et pourtant aucun n’est très identifiable. Sont-ils un pays ? Une région ? Une origine ? Une génération ? Un état d’âme face à l’Europe ? Ils sont aussi les voix d’une narration historique qui fait tomber les frontières et imagine l’Europe comme un seul acteur historique. Les scènes s’enchaînent, au sens figuré mais aussi au sens propre. Entre Histoire en marche, destinées des individus ou des peuples, et morcellement de vies écrasées sous les bottes d’une force historique en marche et funestement menaçante, on voit poindre la problématique de l’accueil des migrants. Sujet de honte parmi d’autres. Point d’appui pour Laurent Gaudé. À cette écriture originale, Roland Auzet ajoute un décor spectaculaire avec un large mur qui écrase ou recule, une barre de néons dont les ombres deviennent rails ou barreaux, des jeux de vidéoprojection psychédéliques et une dimension musicale résolument rock. Sa mise en scène va vers le grand plutôt que vers le singulier. Elle met en valeur l’atmosphère épique autant que la noirceur de ce qui est à l’œuvre. Il résulte de cela une création qui n’est pas proprement du théâtre, pas proprement du concert, pas non plus entièrement un débat. Mais cette création composite épouse à merveille les bouleversements qu’elle narre, les horreurs qu’elle montre, la sidération qu’elle produit. Si l’on accepte de se défaire de tout a priori, on ne peut qu’être entièrement happé-e par le spectacle total et subjuguant qu’est Nous, l’Europe, Banquet des peuples. Une épopée historique glaçante © Christophe Raynaud De Lage / Festival d’Avignon On connaît l’écriture de Laurent Gaudé, tournée vers l’extérieur, vers les drames humains qui se nouent et dont il se fait l’écho. Il nous emmène avec Nous, l’Europe, Banquet des peuples dans une relecture de l’Histoire à laquelle il nous a peu habitué-e-s. Et ses clefs d’interprétation interpellent autant qu’elles convainquent. Laurent Gaudé interroge en effet ce qui a fait la genèse de l’Europe, pas de l’Union européenne, mais de l’Europe au sens un peu plus large. Qu’est ce qui a préfiguré notre UE bien avant qu’elle ne soit imaginée ? L’hypothèse qu’il formule nous fait remonter jusqu’en 1830, l’invention de la première locomotive The Rocket. Cette invention va de pair avec l’exploitation naissante du charbon. C’est cela qui change le visage du continent une première fois, et — c’est la lecture qu’en fait Laurent Gaudé et cela fait froid dans le dos — préfigure l’usage dramatique qui sera fait du rail quand il s’agira d’envoyer des millions d’hommes à la mort un siècle plus tard. C’est le premier élément qui forge l’identité européenne. Celui qui l’accompagne est plus sombre encore et nous emmène en 1885, moment où les États se réunissent pour se partager le continent sur lequel ils entendent dominer l’Afrique. Cet héritage colonial, nous ne l’ignorons pas. Même si nous ne lui faisons presque jamais complètement face. Même si c’est un élément sur lequel l’Histoire que nous apprenons glisse vite dessus, sans chercher d’aspérité. Le texte de Laurent Gaudé — et l’énergie effroyablement forte d’Emmanuel Schwartz qui en est le porte voix principal durant le spectacle — met le public face à ce qui est oublié, tu, caché sous un silence complaisant les premières atrocités de masse, les premières horreurs basées sur une distinction de races. C’est à la lumière de ces éléments que Nous, l’Europe, banquet des peuples relit les deux conflits mondiaux, relit aussi tous les conflits qui assombrissent sacrément les débuts de la collaboration européenne. Une collaboration qui n’empêche pas les feux de déchirer les Balkans, les régimes autoritaires de germer à l’Est ou en Grèce. De là, Laurent Gaudé nous entraîne au fil des soubresauts qui vont jusqu’à la crise grecque. Nous, l’Europe, Banquet des peuples un spectacle aux airs de tragédie antique © Christophe Raynaud De Lage / Festival d’Avignon Nous, l’Europe, Banquet des peuples, c’est en somme un spectacle politique, musical, visuel, épique, donné en outre dans un lieu qui joue du gigantesque, la cour du lycée Saint Joseph Avignon. Cela n’est pas sans rappeler le spectacle que devait être la tragédie antique. Ajoutons la présence du chœur, d’un coryphée et de musiciens. Ce n’est d’ailleurs pas tout ! Le spectacle alterne entre Histoire et individus, entre parole dialoguée, chant lyrique, chanson. La vidéoprojection vient remplacer les masques antiques en accentuant le visuel, en augmentant la tension dramatique. Les textes de Laurent Gaudé épousent magnifiquement cette forme. Son écriture est dans Nous, l’Europe, Banquet des peuples éminemment musicale et poétique. On retrouve certains de ses textes de poésie parus dans De sang et de lumière. Ils sont sublimes dans ce cadre. Magnifiés encore. Une distinction de taille entre la tragédie antique et Nous, l’Europe, Banquet des peuples, c’est la lecture de l’Histoire qui y est proposée. Pas de dieux, de forces supérieures, d’acharnement du destin. On voit qu’horreurs et catastrophes prennent leur source dans les décisions méprisantes d’hommes qui se pensent supérieurs. La fatalité, c’est l’horreur dont l’humanité est capable. Le volume sonore, volontairement excessif, est comme le triste écho de cet effroi qu’on ressent à observer les abysses de l’Europe. C’est cependant sur une note positive que s’achève le spectacle avec un moment de communion musicale indescriptible. L’idée d’un hymne qui incarne, plus que l’hymne à la joie, l’idée d’une cohésion, d’un chœur d’individus d’horizons différents, l’idée d’un monde qui rassemble, celle de l’égalité des droits, de l’abolition de la peine de mort par exemple. C’est un spectacle coup de cœur de Bulles de Culture. En savoir plus Nous, l’Europe, Banquet des peuples a été joué au Festival d’Avignon 2019 du 6 au 14 juillet Tournée du spectacle en France, en Suisse et en Pologne le 18 juillet 2019 à Châteauvallon – Scène Nationale, les 7 et 8 octobre 2019 à la Maison de la Culture d’Amiens ; les 9 et 10 janvier 2020 au Théâtre de l’Archipel , scène nationale de Perpignan ; du 14 au 16 janvier 2020 au MC2 Grenoble ; les 23 et 24 janvier 2020 au Théâtre du Passage de Neuchâtel ; les 28 et 29 janvier 2020 à l’Odyssud Blagnac ; le 3 février 2020 à Ma scène nationale de Montbéliard ; le 6 février 2020 au Théâtre Cinéma Paul Eluard de Choisy-le-Roi ; du 11 au 14 février 2020 au CDN de Tours ; les 3 et 4 mars au Théâtre scène nationale de Saint-Nazaire ; le 10 mars 2020 à Le Parvis Scène Nationale Tarbes-Pyrénées ; le 13 mars 2020 au Théâtre Molière-Sète, Scène nationale archipel de Thau ; les 17 et 18 mars 2020 au Théâtre-Sénart, Scène Nationale ; le 21 mars 2020 au Teatr Polski Bydgoszcz en Pologne ; du 25 mars au 2 avril 2020 au Théâtre Gérard Philipe CDN de Saint-Denis À propos Articles récents Littéraire dans l’âme, cœur tendre, j’aime que l’on me raconte des histoires, que l’on m’emmène à la rencontre de personnages qui me fassent vibrer, qui m’emportent, qui me touchent, et vivre à travers eux de belles et incroyables 3 Littérature Laurent Mauvignier, "Journal" de Jean-Luc Lagarce, "Aurélien" de Luis AragonTop 3 Poésie "Les Planches courbes" d'Yves Bonnefoy, "Les Chimères" de Gérard de Nerval, "Un Été dans la Combe" de Jean-Claude PirotteTop 3 Théâtre Jean-Luc Lagarce, Anton Tchékhov, Euripide

Nous l'Europe, banquet des peuples Texte : Laurent Gaudé Conception/Mise en scène : Roland Auzet Distribution : Artemis Stavridi, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Emmanuel Schwartz, Karoline Rose, Mounir Margoum, Olwen Fouéré, Robert Bouvier, Rodrigo Ferreira, Rose Martine, Thibault Vinçon, Vincent Kreyder Lieu : Cour du lycée Saint-Joseph

Faire un tour d’Europe comme pour appuyer son existence, ce qu’elle fut en marche et ce qu’elle est. Voilà le premier ressenti de ce livre de longs poèmes qui eut pu aussi être un essai Vous vous effrayez de voir que d’un coup, l’inquiétude devient l’humeur des peuples ? Pensez à Victor Hugo et à son exil. Pensez à Garibaldi qui a traversé l’Atlantique, s’est battu au Brésil, en Argentine, en Uruguay… Il n’y a pas d’époque paisible ». L’auteur appelle à poursuivre la belle aventure Jeunesse ! Jeunesse ! Il nous faut ton sursaut ». La progression historique, économique et inventive vient ainsi à la rescousse de Laurent Gaudé à démontrer. Le texte, alors, prend tout son sens dans une série de courtes phrases suscitant l’action Succession de trouvailles, d’avancées, de modifications/. De brevets déposés qui viennent améliorer les précédents/ Ou les piller/ Des objets apparaissent/ Qui sont un peu fous/ Un peu encombrants/ Font des sons étranges/…/ Rouages/ Moteurs/ Pistons/…/ Bientôt arriveront les trams/ les voitures/ les métros », l’auteur expliquant avec force d’exemples parce que le jet de vapeur mène directement à nous/ Nous sommes nés de cela ».Quelques évènements historiques moins évidents sautent aux yeux de cette Europe en fulgurance Quatre mille tonnes de métal/ Belle architecture acérée où vont se presser plus de six millions de visiteurs/ De mai à octobre 1854 ». Un mot suffit à l’auteur pour rebâtir, à sa progression, l’évolution industrielle Ce mot. Charbon. Pour dire le changement du monde ». La sauce a pris et on s’émerveille avec lui ! Et de conclure, essoufflé de sa progression, il constate Nous sommes nés de ce temps-là, de génie », l’évolution s’accélérant dans un esprit de compétition. On met le doigt dans la plaie de la période coloniale et l’auteur n’y va pas de main morte tant d’hommes en ont asservi tant d’autres/ En ne voyant même pas le mal ». Le livre se fait calendrier et le temps qui passe énumère ses victimes On fera un peu partout des montagnes de papier scandaleux/ Des montagnes d’auteurs juifs, pacifistes, dépravés, corrompus/ Des montagnes qui brûlent doucement tandis que la foule fait le salut le bras tendu/ Joseph Goebbels est là/ Crachez sur son nom/ Nous avons des héros/ Hélas il y a autre chose/ De plus sombre / Ce que l’homme peut faire à l’homme ». Mais la série de malheurs va construire l’idée européenne, enfin Les futurs pères de la construction européenne/ils l’ont vue, cette Europe des routes, des baluchons et des corps maigres/ ». Ensuite, un traité pour naissance » nous offre l’idée européenne avec plus jamais ça » et quelques-uns repensent le discours de Victor Hugo au congrès de la Paix, à Paris, de 1849, lui qui pose les mots Les Etats-Unis d’Europe ». L’Europe a besoin, en effet, de se définir comme un espace politique social-démocrate ». S’en suivra une Europe de l’élan » avec mai 68. Et une Europe qui s’unifie le 9 novembre 1989. Une conclusion de l’auteur s’active en fin de rappels historiques Les citoyens voulaient la paix/ Aujourd’hui, ils l’ont/ Et la démocratie parlementaire les ennuie/ Ils veulent un chef, un homme fort…/ Et pourtant, où mènent les chefs ? Nous le savons…/ Nous devrions – plus que tout autre – nous méfier à la vue des peuples transis devant l’homme providentiel. Mais que peut l’Europe contre la servitude volontaire ? Que peut l’Europe contre nous/ Ou sans nous ? ». En effet… Qui sommes-nous ? Que voulons-nous devenir ? La question est essentielle et gare à la réponse ! Grand banquet/C’est cela qu’il nous faut maintenant/De l’ardeur/ …/ Venez. Soyons nombreux ». Tout est dit. Et dire Colère face au mépris du vote des peuples/Qui parfois ont dit non/…/ Je dis Colère face à cette Europe qui n’arrive pas à inventer une hospitalité d’Etat. Les réfugiés meurent en Méditerranée… Encore. Venez. Soyons nombreux/ Et dites l’utopie ! ». Patrick Devaux Ila les négateurs de l’Europe réelle, ceux qui effacent délibérément les origines et font la guerre à notre mémoire collective ; ceux qui voudraient exclusivement des Européens de papier selon ce qu’ils appellent des critères de convergence. À ce titre, n’importe qui peut se déclarer européen s’il remplit le cahier des charges établi par les eurocrates. Évidemment, il L’Europe, l’ancienne, celle d’un vieux monde bouleversé par la révolution industrielle, et l’Union européenne, belle utopie née sur les cendres de deux grandes guerres, sont l’alpha et l’oméga de ce texte en vers libres relatant un siècle et demi de constructions, d’affrontements, d’enthousiasmes, de défaites et d’espoirs. A l’heure où certains doutent, où d’autres n’y croient plus, ce récit européen humaniste rappelle qu’une mémoire commune, même douloureuse, est un ferment d’avenir. C’est donc d’une plume ardente que Laurent Gaudé compose une épopée invitant à la réalisation d’une Europe des différences, de Ia solidarité et de la liberté. Ceprojet s’inscrit dans une réflexion commune avec Laurent Gaudé sur la nécessité de produire un récit européen. Il est nourri par plusieurs voyages et rencontres capitales. De Laurent Gaudé Conception et mise en scène Roland Auzet compagnie ACTopus Avec Robert Bouvier, Rodrigo Ferreira, Olwen Fouéré, Vincent Kreyder, Mounir Margoum, Rose Martine, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Karoline Rose, Emmanuel Schwartz, Artemis Stavridi, Thibault Vinçon et un chœur Production déléguée L’Archipel – scène nationale de Perpignan Tournée 2021 / 2022 les 16 et 17 décembre 2021 Opéra de Limoges les 6 et 7 janvier 2022 Théâtres en Dracénie, Draguignan du 12 au 16 janvier 2022 Théâtre Gérard Philipe, CDN de Saint-Denis du 19 au 21 janvier 2022 La Comédie de Clermont Ferrand le 4 février 2022 Théâtre Molière Sète, scène nationale archipel de Thau le 16 février 2022 Konzert Theater, Berne, Suisse du 7 au 29 mai 2022 Théâtre de l’Atelier, Paris

Avisde lectures Nous,l’Europe banquet des peuples Laurent Gaudé L aurent Gaudé est un humaniste, un conteur, un poète. Il nous raconte l’Europe avec son cœur, avec ses tripes. Elle est vivante. Avec ses failles, ses horreurs du passé, ses manquements du présent et ses hommes et femmes politiques dont on sait ce qu’ils sont.

Vous cracherez peut-être sur notre insouciance passée et vous aurez raison. Il y a un continent à inventer maintenant.» En entrant dans la salle du théâtre du Passage, cette phrase est écrite en grand sur le mur, décor central de la pièce Nous l’Europe – banquet des peuples», jouée jeudi 23 et vendredi 24 janvier à Neuchâtel. Elle est extraite du monologue d’Artemis sur la Grèce. Mais ce sont bien les mots de l’écrivain Laurent Gaudé qui vont évoquer cette épopée contée en 140 minutes. Au pas de charge. Car les interrogations fusent continuellement. On a dit oui? Vous vous souvenez d’avoir dit oui? On avait dit non mais on devait dire oui. Alors ça a été oui… Et elle vient de là notre colère envers l’Europe.» Voilà pour le postulat de départ de cette pièce, qui se veut un cri d’amour pour cette Europe aujourd’hui malmenée. Un mariage de nations qui n’a pas réussi à unir pour devenir la grande Patrie commune. Sur la scène nue, habillée de 40 matelas et de ce mur, les comédiens de plusieurs pays, accompagnés par des dizaines de chanteurs neuchâtelois, racontent. Ils chantent aussi, dansent, hurlent parfois façon opéra rock magnifique performance de la comédienne-chanteuse allemande Karoline Rose les convulsions de l’histoire européenne. Jeu sans frontières Une histoire terriblement dense. Que Gaudé écrit à coups de phrases ciselées, percutantes, brillantes. Les comédiens, eux, – excellents par ailleurs – les lâchent parfois à une vitesse supersonique. Presque trop rapidement pour en apprécier le sens séance de rattrapage possible avec le livre publié chez Actes Sud. Mais qui montre bien l’urgence pour lécrivain de convaincre qu’ensemble on est plus fort que chacun dans son coin. Un vœu partagé par l’ancien conseiller fédéral Joseph Deiss, grand invité de la représentation de jeudi Je me sens Européen tous les jours». Et d’ajouter ne pas aimer le mot frontière, qui signifie une coupure alors que c’est là où se confrontent les cultures.» Ce n’est pas tous les jours que l’Europe déchaîne les foules, du moins celles du Passage, debout et enthousiastes. Nous l’Europe, Banquet des peuples, Laurent Gaudé (par Patrick Devaux) Ecrit par Patrick Devaux, le Vendredi, 07 Juin 2019. , dans Poésie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Actes Sud. Nous, l’Europe, Banquet des peuples, mai 2019, 192 pages, 17,80 € . Ecrivain(s): Laurent Gaudé Edition: Actes Sud. Faire un tour d’Europe comme pour appuyer son Spectacles et théâtre en ligne notre sélection spéciale confinement Bulles de Culture - La Rédaction 2020-04-25 0 Dernière mise à jour septembre 30th, 2021 at 1018 Toujours plus de spectacles et de pièces de théâtre à regarder en ligne, chez soi, en couple, entre ou en famille pendant cette longue et exceptionnelle période de confinement suite à la pandémie du coronavirus Covid-19. Bulles de Culture vous propose sa sélection de captations disponibles en intégralité, en streaming et gratuitement ou non. Plus d'infos » Critique / Nous, l’Europe, Banquet des peuples » de Roland Auzet et Laurent Gaudé Morgane P. 2019-07-16 0 Dernière mise à jour septembre 26th, 2020 at 0402 Avec Nous, l’Europe, Banquet des peuples, Laurent Gaudé et Roland Auzet signent un spectacle total fascinant au Festival d’Avignon en 2019. L’avis et la critique théâtre de Bulles de Culture sur ce spectacle coup de cœur. Plus d'infos » CCpj4Dc.
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